Pour aller dans les îles Bocas del Toro en venant de la côte ouest du Costa Rica en autobus, il faut passer par la ville de David, puis se rendre au port de Almirante.
De là, un bateau-taxi vous emmènera directement sur l’île Colón, à Bocas Town en 30 minutes environ.
Lors d’un échange de services à Léon au Nicaragua, on a sympathisé avec un couple de Tchèques qui voyageaient en Amérique Centrale dans le sens inverse du nôtre. Ce fût une belle occasion d’échanger nos bonnes adresses. Et grâce à eux, nous avons trouvé un autre échange de services (travailler en échange du logement et de la nourriture) dans les îles Bocas Del Toro, au Panama, cette fois.
Monique, une suisse-américaine très enthousiaste, avait besoin d’aide à la cuisine et à la réception de son lodge. Et le timing était impeccable. Propriétaire d’un superbe bed & breafast sur l’île Colón à Bocas del Toro, elle cherchait justement des bénévoles pour les deux prochaines semaines.
Un peu bordélique, mais bien organisé à la fois, tout est coloré autour de nous. Arrivés en taxi depuis la ville de Bocas Town, on est entrés par la porte de derrière. On cherche comme on peut notre chemin dans un jardin-jungle plus que luxuriant. L’endroit est vraiment magnifique. Une grande maison bleue sur pilotis fait face à la mer agitée. Des chemins en mosaïques nous guident vers des petits bungalows qui ont chacun leur style individuel. Au bout, se trouve un autre grand bâtiment avec de larges balcons sur lesquels se balancent quelques hamacs.
Monique apparaît sur son balcon et nous accueille rapidement. Très souriante, elle mêle le français à l’anglais avec quelques touches d’Espagnol dans une même phrase.
On s’émerveille tout de suite devant cette coquette petite chambre. À l’entrée, une immense douche, dont les murs sont construits de carreaux en mosaïques multi-colores faits à partir de culs de bouteilles recyclées, donne un cachet immédiat à la pièce. Le lit est surmonté d’une grande moustiquaire qui lui donne des airs de baldaquins. Une vraie chambre de roi.
On fait aussi la rencontre du couple de français que nous allons remplacer. Sur place depuis plus d’un mois, ils repartent le lendemain pour continuer leur voyage. Ils nous expliquent en quoi consiste le boulot et nous montrent tout ce que l’on doit savoir.
On va devoir faire les petits déjeuner des clients ainsi que les repas de midi s’il y en a, un jour sur deux. Le jour suivant, on s’occupe de préparer le repas du soir. Ces tournantes se font entre les volontaires, pour que tout le monde puissent bénéficier d’une soirée de libre, suivie d’une grasse matinée.
Pour bosser avec nous, il y a Vari, une fille venant d’Argentine. Graphiste de formation, elle est en pleine recherche professionnelle et elle a décidé de partir voyager pour s’aérer la tête. C’est aussi une artiste qui réalise des collages magnifiques pour raconter son voyage (une artiste à découvrir si vous aimez le design visuel!). La situation est idéale pour pratiquer notre espagnol, on lui interdit tout de suite de nous parler en anglais.
Durant la nuit, les nombreux bruits de la jungle nous ont tenus compagnie. Cris de singes hurleurs, bourdonnements d’insectes et fracas des vagues sur les rochers nous ont bercés durant notre sommeil. Le matin venu, après une bonne douche quasi à ciel ouvert, on est parti découvrir le site et les alentours. Installé sur un pic rocheux, le bed and breakfast est juste au-dessus d’une petite plage qui est ainsi presque privée. Entourés de feuillages et d’arbres, on se croirait littéralement dans la jungle. Ce n’est pas pour rien que l’hôtel s’appelle « Tesoro Escondido » (trésor caché en espagnol).
La plage voisine, playa Bluff est la plus grande et la plus belle plage de l’île Colon. Isolée et plus ou moins vierge, c’est un plaisir de se balader sur cette longue langue de sable qui n’en finit pas de finir. La plage est d’une couleur dorée et la mer agitée me fait m’imaginer la vie de ces naufragés échoués sur une plage perdue ne pouvant plus repartir en mer. Ne croisant personne, on se croirait seul au monde, face à la nature. L’effet est surprenant.
Plus loin, deux petits restaurants se font concurrence dans des styles complètement différents. L’un plus familial, Playa Bluff Lounge, est un resto classique avec une piscine disponible pour les clients.
L’autre, plus axé pour des jeunes comme nous, vaut vraiment le détour. Avec une attitude chillax (chill + relax), le beach bar, Buddha Beach Bar de son nom, offre d’excellent cocktails (hint hint! essayer la caïpirinha au fruit de la passion; un vrai délice) et des soirées spéciales barbecue sur la plage.
L’ambiance de cet endroit est très reposante et le cadre est simplement magnifique. Tout y est fait pour nous plaire. Avec quelques arbres pour l’ombre, des tables déposées dans le sable, des hamacs coincés entre deux palmiers, un tas de transats disposés selon l’envie de la clientèle, un coin salon bien moelleux et tout ce capharnaüm de confort avec une vue quasi-privée sur la mer des Caraïbes.
Bien qu’on adore se prélasser sur la plage de playa Bluff, la mer peut y être assez rude par moments. Reconnue pour ses puissantes vagues, Bluff attire chaque année, de décembre à avril, des surfeurs professionnels du monde entier venus à la recherche du « spot » parfait.
Autre fait intéressant à considérer pour vos prochaines vacances au Panama, playa Bluff est également une zone de nidification des tortues pour les îles Bocas del Toro.
Pour ceux qui nous connaissent personnellement, faire la bouffe, on adore ! Dès le lendemain matin, on devait se mettre à la tâche. Six petits déjeuner et six repas de midi dont certains avec plus ou moins une longue préparation.
Nous avons plusieurs petits carnets écrits à la main avec toutes les recettes et les sauces accompagnant les repas. Certains éléments, comme la sauce au pesto et le pain doivent être préparés à l’avance et sont congelés pour des raisons de conservation. Les autres plats, comme le gaspacho ou encore les pancakes, sont fait sur le champ. Alizé y apprend pleins de nouvelles recettes délicieuses qui viendront garnir son livre de recettes du monde (à paraître bientôt chez tous les grands libraires!!). Il y a aussi une ribambelle de cocktails, à savoir préparer pour les clients plus festifs. Heureusement que Max a déjà travaillé comme barman. Il s’y connaît suffisamment pour satisfaire ces assoiffés et il invente même de nouveaux cocktails de fruits frais qui ont beaucoup de succès auprès de nos « invités ».
Après quelques jours à prendre nos marques dans cette cuisine bordélique et encombrée d’ustensiles pendus dans tous les coins, mais qui pour une raison inconnue, possède un je-ne-sais-quoi qui nous plaît bien, on trouve rapidement notre rythme et nos marques. Le premier levé, prépare deux grands pots de café et fait chauffer l’eau pour le thé. On coupe quelques fruits en prévision des salades de fruits qui accompagnent presque tous les petits-déjeuners, puis, on attend que les clients se réveillent doucement.
L’ambiance est calme et reposante. Les clients sont super sympathiques et on adore les chouchouter. Dès notre première préparation du repas du soir, on improvise et on propose un plat de poisson avec des pommes de terre au four accompagnées d’une ratatouille. Monique approuve notre idée et nous commande même deux assiettes supplémentaires pour elle et son mari. Ravis de leur dégustation, ils nous demanderont régulièrement ce que nous avons choisi de faire au menu pour en commander pour eux. Nos talents en cuisine font leur marque au Panama !
Les clients semblent très satisfait de nos prestations et nous faisons de très belles rencontres. Entre autres avec un couple de Québécois avec qui nous avons gardé contact et chez qui nous feront un House Sitting l’hiver suivant au Québec.
Lors de nos journées de congé, nous sommes partis découvrir les petits coins paradisiaques de Bocas del Toro.
L’île Colón en tant que tel est déjà totalement paradisiaque. Dès qu’on sort un peu de la ville et qu’on continue sur la route qui s’enfonce vers le nord de l’île, on traverse rapidement des petits cours d’eau et la route en bitume laisse place à un chemin en gravier entouré d’arbres et de feuillages sauvages. À marée haute, il y a même certains endroits où les voitures ne peuvent pas passer.
Sur les bons conseils de Vari et de Monique, nous partons à la recherche d’une petite plage cachée, connue seulement de quelques privilégiés, appelée « La Piscina ». Cette crique est supposément vraiment isolée et l’endroit idéal pour se reposer en paix. Nous confirmons qu’elle est belle et bien isolée, voir perdue. Nous nous y sommes perdus à plusieurs reprises en la cherchant. Nous avons loupé un sentier par-ci, un autre par là, pour finalement continuer notre randonnée jusqu’au bout complet de l’île.
À travers la jungle verte, les rochers et la boue, nous nous sommes « joyeusement » perdus. Les sacres de Maxime ont en quelques sortes animées « joyeusement » la ballade !
Cette balade, qui devait durer initialement deux heures, aura duré au total six heures. Au bout de tout ce temps, nous avons enfin trouvé l’endroit tant recherché. À l’écart de tout et séparé de la mer sauvage, une entrée d’eau étroite nourrit cette piscine vert turquoise de la taille d’un terrain de football. Entouré par la jungle et remplie de coraux colorés et d’étoiles de mer, c’est l’endroit idéal pour un petit bain naturiste dans ses eaux plus calmes. Tant qu’à être rendu là, autant en profiter !
Durant notre séjour, nous partirons également à la découverte de la très touristique Playa Estrella, qui était auparavant, un lagon calme dans lequel se prélassait de nombreuses étoiles de mer. Malheureusement, de nos jours, cette plage est devenue très, voir trop, populaire. Elle est maintenant envahie par une masse monde fortement alcoolisé et peu respectueux de leur environnement (voir image ci-bas). Il reste de moins en moins d’étoiles de mer et les petits restaurants à friture pullulent le long de la plage qui n’a actuellement plus rien de paradisiaque.
Malgré que nous ne sommes pas encore des adeptes de la plongée sous-marine, nous avons entendu beaucoup de bien sur les différents « spots » se trouvant aux alentours de Bocas del Toro. Tout peut se réserver et s’organiser depuis le centre-ville qui compte de nombreuses agences touristiques. Votre hôtel, également, peut certainement vous aider à ce sujet. Mieux vaut demander à différents endroits pour obtenir le meilleur prix. La compétition est féroce sur l’île.
La ville de Bocas Town quant à elle, propose tous les divertissements habituels des villes touristiques. Bars et restaurants pour tous les goûts ainsi qu’une multitude de boîtes de nuit pour les plus branchés. Passer une soirée en ville est toujours très agréable et les locaux ont tous été très sympathiques avec nous.
À vrai dire, ce court moment de « détente – travaille » à Bocas del Toro nous a permis de garder un juste équilibre, afin de bien profiter des environs, sans faire un trou dans notre budget. C’est aussi ça, voyage et travailler en voyage. Sans pourtant avoir gagné d’argent sonnant, nous avons pu profiter d’un endroit magnifique du Panama, tout en s’offrant un peu plus de temps pour vraiment prendre le pouls d’un lieu paradisiaque qui était sur notre liste de voyage.
* à noter, les aspects visuels de cet article ont été fait à partir des oeuvres originales de Vari Telleria, qu’on vous a mentionné ci-haut. Si le style vous intéresse, elle est disponible pour des boulots de freelance et parle très bien l’anglais. Nous recommandons fortement son travail, la qualité de son service et son professionnalisme. Une artiste à découvrir certainement…
La suite de nos aventures au Panama
très bientôt sur Détour Local
↪ Petite cabana sur pilotis avec vue sur la mer des Caraïbes
↪ Le bar et la cuisine où nous avons préparé pleins de bons petits plats pour les clients
↪ La beauté touristique de Playa Estrella où littéralement les touristes bourrés valent plus le détour que l’endroit même
↪Playa Bluff, la plus belle et la plus longue plage sauvage de l’île.
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