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Installés depuis quelques mois au Québec en mode plus sédentaire, j’avais envie de découvrir les recoins moins touristiques et plus insolites de la province. Pour cette histoire, nous partons dans la région de Lanaudière pour une aventure de survie en hiver et de camping en tipis sous des températures plutôt glaciales.
Notre téléphone avec le GPS qui nous indique le chemin n’a presque plus de batterie. Dans ce fouillis de chemins de campagne, sans lui, on est littéralement perdus. Il a encore neigé hier soir et la température est loin sous le zéro. Malgré tout, la chance est au rendez-vous, on aperçoit le chemin de la petite forge. On tourne à droite et on s’enfonce sur le rang. Au loin, un amas de bois en forme de pyramide nous indique que nous sommes arrivés au bon endroit. Ce soir, on s’offre du Canada à l’état brut, car nous dormons dans un tipi Aux tipis du Sommet.
On se gare sur le côté d’une très belle maison en bois ronds, d’où sort un gars bien souriant. Le bonnet vissé sur la tête et le teint bronzé, Alex, le proprio nous accueille d’une poignée de main ferme, nue, sans aucun gant. Pourtant, la température avoisine les -20°C. Et cette nuit, la chute des degrés devraient empirer, j’appréhende déjà pour la nuit. Je suis une fille plutôt frileuse, mais avec le bon équipement, j’espère que ça va bien se passer.
Pendant qu’on sort nos sacs de la voiture, Alex va chercher le moyen de locomotion qui nous montera au haut de la colline.Il revient avec un fort vacarme, ça fait pas mal de bruit ce drôle d’engin. Utilisé principalement pour la chasse, la machine à la taille d’une voiturette de golf, mais est montée sur des chenilles à la place des roues. Un vrai engin de guerre qui nous monte en quelques minutes au sommet de la terre familiale d’Alex. De là, nous découvrons notre terrain de jeux pour l’après-midi et la nuit prochaine.
Trois tipis de différentes tailles entourent un tipi ouvert qui sert de cuisine extérieure avec son four à bois. Des toilettes sèches et plus loin une cabane servant de lieu de rassemblement sont les seuls bâtiments en vue.
Ce soir, notre petit nid douillet sera le tipi du Shaman. Premier tipi construit par Alex, c’est le plus petit et celui qui nous fera vivre le mieux cette expérience de camping d’hiver. Car, il faut savoir qu’un tipi, c’est plein d’ouvertures et d’aérations, donc il risque de faire plutôt froid à l’intérieur durant la nuit. Et surtout avec le météo qu’on prévoit, l’expérience sera des plus vraies.
La première épreuve de notre séjour est de lancer le feu dans le poêle de notre tipi, pour qu’il réchauffe doucement l’intérieur. Maxime, en bon canadien obstiné, sait clairement comment s’y prendre et nous prépare ça rapidement. Mais la chaleur n’a pas l’air de se répandre autant qu’on l’aimerait.
Alex revient nous voir quelques minutes plus tard avec des raquettes. Nous voilà repartis pour descendre doucement la colline sur l’autre versant, à la découverte d’un magnifique point de vue sur les alentours. Il attire notre attention vers des branches couvertes de grappe de fruits rouges en forme de mousses. Très aimée des chevreuils, cette plante permet supposément de faire un excellent thé. On en cueille une belle portion pour en préparer ce soir.
La balade avance et l’enseignement continue. En survie d’hiver, la chose la plus importante est de savoir allumer un feu rapidement si quelqu’un du groupe se retrouve mal pris, peu importe la situation, afin d’éviter qu’il ne tombe en hypothermie. Pour cette deuxième épreuve, Alex nous met au défi de faire un feu avec ce que l’on trouve autour de nous et seulement trois allumettes.
Des petites branches, des feuilles mortes, on empile tout ça en un joli dôme et on craque une première allumette. Un petit bout de feuilles mortes se met à brûler, mais elle s’éteint rapidement. Allez, on craque la deuxième! Mais rien ne se passe de plus. Et rebelotte pour la dernière. Bon ok, on n’est pas très doué. Si j’étais tombée dans une rivière glacée, je serais déjà morte de froid.
Avec son attitude de coureur des bois, notre expert Alex part calmement, sachant très bien ce qu’il fait, arracher pleins de toutes petites branches pour en faire un très gros tas en pyramide. Hé non, on n’a pas besoin de feuilles mortes pour partir un feu en hiver. Par la suite, il rajoute de plus grosses branches et il craque enfin sa première allumette. Hop, en deux-temps trois mouvements, le feu prend facilement et crépite doucement.
Il nous montre également comment utiliser une pierre à feu avec sa petite étincelle sur laquelle il faut souffler pour l’entretenir avant d’enflammer une brindille qui nous permettra de commencer un feu. Pleins de bons conseils, cet amoureux de la nature et de l’hiver partage avec nous ses nombreuses techniques. C’est très agréable de constater son savoir-faire de la nature. Alex, c’est un vrai dur de dur, qui n’a jamais froid et adore vivre dehors. Un vrai homme des bois canadien.
Il offre pour les amateurs de survie en forêt, tous pleins d’activités de groupe qui sauront certainement réveiller le petit Yakari caché à l’intérieur de vous.
Après avoir englouti une pizza cuite dans le four à bois, on charge à fond le poêle de notre tipi et on s’emmitoufle dans tous nos vêtements. Dès que le soleil a disparu, la température a drastiquement descendu sous le seuil des -30°c. Ouch! Comme dit Maxime, il va faire frette en tabarnak. Je rentre dans mon sac de couchage habillée de mes pantoufles, mon pantalon de ski ainsi que d’un gros bonnet et d’une écharpe bien chaude, de tous mes pulls et je recouvre le tout de mon gros manteau de plumes. Mieux vaut trop que trop peu.
En boule dans mon sac de couchage, collée à Maxime, le capuchon rabaissé sur la tête, j’ai dormi par tranche de deux, trois heures pour changer de position quand mon corps s’engourdissait. Max se réveillait aussi chaque fois que le bout de son nez se mettait à geler, pour aller recharger le poêle en se contorsionnant pour l’atteindre sans sortir de son sac de couchage.
Histoire de vous donner un exemple de la température qu’il a faite durant la nuit. Le matin, notre bouteille d’eau placée au bout du lit, du côté de nos têtes, était complètement gelée. Un vrai glaçon. Je ne dirais pas que j’ai bien dormi, mais je n’ai pas mal dormi non plus. L’expérience d’une nuit de sommeil traditionnelle des temps plus ancien, m’ont certainement fait réaliser la chance qu’on a, aujourd’hui, avec nos maisons modernes.
Le lendemain matin, arrivé avec deux cafés très chauds au sirop d’érable en main, Alex et son grand sourire nous félicitent chaudement, on est toujours en vie ! « C’était toute qu’une nuit que vous avez passée là, d’habitude la température est beaucoup plus supportable à l’intérieur des tipis. » À ce moment-là, je n’écoute plus que le chaud café descendre doucement dans mon corps pour me réchauffer de l’intérieur.
La beauté de l’hiver au Canada
Le Canada est un pays froid et l’hiver y est présent six mois par an sous sa forme la plus pure. Pour vivre pleinement mon expérience canadienne et vivre l’hiver québécois, il fallait me frotter à son climat et profiter de toutes les activités hivernales qu’il propose. Laisser sortir mes instincts primitifs, m’amuser un peu et voir qu’après tout, ce n’était pas aussi pire que je le pensais de prime abord.
En tous les cas, froid ou pas, comme on dit par icitte: je me souviendrai de cette nuit en tipi. Cette expérience hors du commun qui fait rêver quiconque qui feuillette des guides de voyages pour le Canada reste définitivement à faire dans son état sauvage. Vrai et véritable.
La suite de nos aventures au Canada
très bientôt sur Détour Local
↪ Alex et son grand sourire, le proprio des tipis du sommet dans Lanaudière à notre départ
↪ Le soleil qui se lève sur notre tipi le Shaman
↪ Durant la nuit, le mercure a chuté sous les -32°C. Au petit matin, c’était dans les -26°C
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