• Bajaje dans la nuit
  • Sur la route vers la gare de bus
  • La foule de la gare
  • Ma chambre à Triniti
Expédition Kilimanjaro: Fondation Gilles Kègle

Chaque année, la fondation Gilles Kègle regroupe une dizaine de participants afin de récolter des fonds et faire l’ascension du plus haut sommet d’Afrique. 

Si vous désirez rejoindre l’expédition 2015, vous trouverez plus d’info sur le kilimandjaro2015.wordpress.com

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http://8tracks.com/kaylakrog/mother-africa/player_v3_universal

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Vrooooouuuuummmmm !

 

Une main me retient vers l’arrière.

– « Watch out my friend, traffic comes the other way here. »

 

Surprise à l’autre bout du monde

Et ça cogne à ma porte… « !? » Pendant un vague instant, je ne sais plus du tout où je suis. Tout en sueurs, je fixe la moustiquaire blanche qui enrobe mon lit à baldaquin, comme celui d’une princesse. Je tente, tant bien que mal, de sortir de ce rêve qui me remmène à mes premiers instants en Tanzanie, tout en atteignant cette foutue porte qui ne veut définitivement pas me laisser tranquille.

Merde déjà 5h00 ! Enfile le short, cache le passeport, prend une grande gorgée d’eau, le déodorant, la chemise propre, mets les gougounes (flip flop), sécurise les tirettes de mes sacs et on est partis. Dehors, un taxi- man m’attend, très impatiemment. Du moins, c’est ce que me baragouine le gardien de l’hôtel avec un gros sourire latent. Pour le nombre de fois que j’ai dû les attendre, Hakuna Matata (aucun problème), le soleil n’est pas encore levé, j’ai le droit.

Malgré l’heure très matinale, mon nouvel « ami », qui tire pleinement la gueule, est en mode pilote de course. Oubliez la courtoisie et encore plus les clignotants, de toute façon à voir l’état de la bagnole, il ne fonctionne surement pas. En Tanzanie parfois, c’est vraiment chacun pour soi. C’est tout juste, comme si le premier arrivé à destination, pourra avoir l’honneur et l’heureux privilège de se détendre le premier dans la meilleure partie d’ombre du grand baobab pour siroter un Coca-Cola dans un sac de plastique. En fait, c’est ce contraste qui m’étonne. Des fois, on dirait qu’on doit les supplier pour avoir du service et d’autres, comme ce matin, j’aurais bien envie qu’il prenne le rythme lent connu des pays chauds.

 

Trajet en bus : l’expérience continue !

Arrivés à Ubungo, la gare d’autobus de Dar es Salaam, c’est la totale ! Le bordel avec un grand B. Une chance qu’on m’ait suggérée à l’hôtel d’acheter mon ticket la veille. C’est vraiment impossible comme endroit. Il y a environ deux cents personnes qui gueulent de partout, dont vingt qui, à peine sortis du taxi, sont tous collés à mes culottes, dans une circonférence d’à peine un mètre carré. Irrespirable. Et ce beau moment de rapprochement généralisé augmente en concentration vers le lieu-dit, le Saint Graal du moment, la foutue porte d’entrée sécurisée de la gare d’autobus.

Gooooo !

Après avoir sur-utilisé les quatre ou cinq mots que je connais à peine en swahili pour tenter de faire mon chemin et surtout pour garder mon sang-froid, je constate malheureusement que de l’autre côté, ce n’est pas mieux. Une marée d’autobus à perte de vue, tous dans un état impensable, disposés sans la moindre logique. Le tout, accompagnés d’autant de nouveaux amis, habillés cette fois-ci, d’une chemise bleue « officielle ». Ils m’indiquent, à leur manière, des réponses probables, toutes erronées bien certainement, de l’endroit où partira mon bus. Il est maintenant 5h55 et mon bus décolle dans cinq minutes! Bon, les gars, ça ne vous dit pas d’avoir raison. Le stress commence doucement à me talonner. Mais comme à chaque fois, la chance me sourit au tout dernier instant.

« Come on Mzungu!
The bus is leaving now… »

, me dit un gros monsieur qui admirait de loin ma panique, en pointant du doigt un gros bus avec le même logo que sur mon billet.

Aux pas de courses, je réussis à rattraper le bus. Et sans problème, Hakuna Matata, même en route, on jette mon sac dans la soute à bagages, on valide mon billet, on m’accueille avec le sourire et on me fait grimper à bord. Un vrai film d’action, qui se termine, aussi surprenant que cela puisse paraître, bien assis, dans un bus pas en si mauvais état que ça. Et le summum, une hôtesse vient même me servir une boisson rafraîchissante. C’est à rien n’y comprendre. Karibu Bongo! (bienvenue en Afrique)

 

L’arrivée en terre inconnue

Quatre heures de route et plus d’une centaine de dos d’âne me séparent de ma destination finale. Le ratio est horrible, je n’ai toujours pas refermé l’oeil. Arrivé au terminal, ou plutôt sur un terrain vague à la première intersection du village d’Arusha, mon accueil est digne d’une délégation ministérielle complète. Un amoncellement de chauffeurs de taxi attendent mon arrivée avec impatience. Les plus coriaces arrivent même à s’infiltrer dans le bus. On peut dire que j’ai l’embarras du choix. Malgré leur insistance, j’ai bien lu sur le site de mon auberge que je suis à seulement trois cents mètres de l’hôtel.

« Merci les gars, mais je vais marcher! »

En une seconde, ils me répondent avec une longue face, tous déçus et surtout surpris de voir un Mzungu (blanc, étranger) partir à pied. Allez! Direction les bas-fonds d’une ruelle qui ne paie pas de mine.

Arusha pour ceux qui n’y sont jamais allés, c’est un peu le far-west de la Tanzanie. En tout cas, c’est l’impression que ça m’a donnée. La moitié des rues sont en terres battues, le capharnaüm est magistral et à tout moment on est interpelé par n’importe qui, pour n’importe quelle bébelle  ou activités à faire, car notre peau blanche, pour eux, est synonyme de fortune assurée. S’il savait, il ne perdrait pas leur temps avec moi. En fait, Arusha, c’est le point central du tourisme Tanzanien, le lieu de départ pour les excursions en safari, la visite des Massaïs et l’ascension du Kilimajaro.

C’est justement pour ce dernier, que je suis ici aujourd’hui. Non pas pour faire son ascension, mais bien pour surprendre et féliciter ma mère qui entame surement sa descente en ce moment. Elle est partie avec un groupe de Québécois, par l’entremise de l’organisme de Gilles Kègle, avec qui, elle réalise son rêve de jeunesse, gravir le plus haut sommet d’Afrique. La grande surprise dans tout ça, c’est que j’ai fait croire à tout mon entourage, que je partais en Australie, et non pas en Tanzanie. Pourquoi? Simplement pour remercier, à ma façon et d’une manière toute spéciale, la personne qui m’a soutenu depuis les tous débuts de ma folle aventure, ma maman chérie. N’ayant pas un d’argent dans les poches, les surprises comme ça, c’est le seul genre de cadeau que je peux me permettre d’offrir.

 

Le jour J

Après une rapide prise de conscience de la ville, de mon auberge, de son hôtel à elle, de l’heure d’arrivée du groupe, je suis fin prêt pour terminer en beauté ce coup de maître. En direction de son hôtel, j’entre totalement dans une ambiance différente de la rusticité poussiéreuse où je réside dans le centre-ville. Ce n’est pas le même Arusha quand on paye le prix. J’arrive finalement devant l’énorme portail, bien sécurisé de son complexe hôtelier.

Je m’infiltre jusqu’à la réception, sans problème ni réservation d’ailleurs, où je suis accueilli par un jeune homme, qui ne semble pas trop comprendre pourquoi un « client » arrive sans taxi et habillé de la sorte. Dans un mélange de gestes, d’anglais cassé et de gribouillis sur un bout de papier (on dirait qu’on est en train de jouer à Cranium), je suis très loin d’obtenir le numéro de sa chambre. J’ai toujours détesté ce jeu de toute façon. Par chance, avec ma voix qui porte et qui résonne dans tout le lobby, je réussis à attraper l’attention d’un autre membre du groupe, qui a reconnu mon doux accent québécois s’agrémenter de sacres bien enchainés.

« Tu es le fils à Suzanne,
bien voyons donc! Viens, je vais te montrer sa chambre… »

 

Mon cœur bat débat, ça y est. Je monte dans l’ascenseur, elle va capoter. Arrivés à sa chambre, le gars cogne à porte, puis j’entends ma mère par la fenêtre. Malade, ça a marché! Outre le fait qu’elle se soit quasi évanoui et qu’elle ait crié au meurtre pendant de longues et difficiles minutes, je crois avoir bien réussi mon coup. Merci d’avoir cru en moi, sans toi, je ne pourrais vivre la plus belle et folle aventure de toute ma vie : le voyage sans billet de retour.

 

la suite de nos aventures
en live sur Détour Local

tu ne veux pas manquer ça…

Sur la route vers la gare de bus
↪ la course folle avant le lever du soleil en taxi dans la ville de Dar es Salaam

Bajaje dans la nuit
↪ outre les taxis, les badjaj-ee sont aussi maniaques de vitesse et d’émotions fortes 

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