– plus de 2000 kilomètres
– 5 nuits chez des gens plus qu’accueillants
– 2 nuits en camping sauvage
– 2 nuits en camping avec les routards
– 5 pleins d’essence qui trouent les poches
– 2 péages (dont un, qui a fait mal)
Pas un effort désagréable, mais une décision à prendre qui n’est pas toujours facile. En fait, c’est surtout le fait de s’y tenir qui est difficile. Malgré que l’on voyage depuis cinq ans, chaque fois qu’on pose nos sacs pour quelques mois, les préparatifs du prochain départ trainent en longueur. Il y a toujours une dernière fête de famille à laquelle on aimerait participer, un anniversaire d’ami à célébrer, un évènement à ne pas manquer. Le point crucial est d’inscrire une date de départ dans le calendrier, car sinon on repousserait ce départ indéfiniment et on ne repartirait plus.
La date de départ pour notre premier roadtrip en Europe à bord de Keekoh (notre van) est donc fixée au 3 janvier. Juste le temps de se remettre de la nouvelle année et de faire nos bagages. Évidement, les aléas de la vie et les imprévus imprévisibles d’avant-départ, pour réparer quelques petits soucis dans le camion font en sortes qu’on est finalement partis le 6 janvier. Ce qui nous laisse donc 9 jours pour atteindre Rome et tester les tripes de notre vieux Mercedes. Pourquoi Rome ? Pourquoi en 9 jours ? Et bien, c’est de là-bas et à cette date que nous avons pris nos billets d’avion vers Helsinki, où nous allons passer quelques jours, avant de revenir chercher Keekoh et de continuer vers la Sicile, notre destination finale.
Hé oui, on ne fait pas les choses à moitié. Les imprévus, c’est aussi une invitation en Finlande dans le cadre des NBE (Nordic Blogger Experience), où nous allons faire un petit détour et participer à une conférence / salon sur le voyage à Helsinki durant 10 jours.
Pour en savoir plus, tu peux lire notre article :
les îles Aland en Finlande
Avec un planning aussi serré et un vieux fourgon ayant une vitesse de croisière maximum de 80km/h, on s’était mis l’objectif de parcourir 300 km par jours, afin de nous permettre d’arriver à Rome un jour avant notre vol. Ayant une idée précise des étapes de notre road trip, j’ai lancé l’invitation sur Facebook pour savoir si des gens sur notre route voudraient partager une soirée et un bon repas en notre compagnie. Et les réponses fusèrent. Facebook d’un côté, Google Map de l’autre, me voilà en mode organisatrice. Après une journée de messages dans tous les sens et un beau document Excel en prime, nous voilà décidé sur 5 lieux d’accueil.
1er jour: Bruxelles » Arches% chez des roadtrippeux
Après un rapide passage au supermarché, on se lance doucement sur l’autoroute en direction du Luxembourg. Le van gronde, mais avance bien. Maxime, prudent, roule doucement. C’est la première fois qu’il conduit le camion aussi chargé et donc aussi lourd. Sur l’autoroute, on se fait aspirer par les camionnettes qui nous dépassent à vivre allure. Dans les courbes, le van tangue. Il faut s’habituer. Concentré sur sa conduite, Maxime ne parle pas beaucoup. Le système de son qu’il a installé fonctionne à merveille et nos playlistes favorites rendent ce premier jour enivrant.
Constamment, je regrettais de ne pas avoir changé ma suspension, que je croyais trop usée. Avec du recul, je ne suis pas certain que mon volant était aussi lisse au départ. Est-ce mes traces de doigts ancrées de stress qui lui donne cette texture ou était-il comme ça initialement ?
Arrivés à la gare de Luxembourg, on embarque notre premier co-voitureur dans Keekoh. Habillé en costume cravate, une cigarette à la bouche, Arnaud nous reconnaît de loin. Ce Français est arrivé ce matin pour passer un entretient d’embauche et rentre maintenant chez lui. Comme le destin fait bien les choses, notre destination de ce soir passe justement par son village. Ancien militaire, il cherche du boulot comme agent de sécurité. Super intéressant et ouvert d’esprit, je discute avec lui durant les trois heures de trajet de nos choix de vie respectifs et de voyage.
J’en profite pour lui poser toutes les questions qui me passent par la tête au sujet de l’armée et de son fonctionnement. Amusé par notre camion aménagé, il prend quelques photos durant le trajet, qu’il envoie à sa femme. Déjà, une vraie vedette ce Keekoh! Lorsqu’on le dépose devant sa voiture, il nous propose avec enthousiasme de passer chez lui, la prochaine fois qu’on sera dans les parages.
La nuit commence à tomber et notre GPS, nous indique qu’il nous reste seulement dix minutes de route avant d’arriver à notre premier hébergement. Max commence à être épuisé après les six heures de conduite et la perspective d’un endroit calme où poser le van et d’un bon repas accompagné de gens, qu’on suppose sympathiques, lui permet de tenir le coup. Mais avec la tombée de la nuit, les derniers kilomètres restent assez pénibles.
Christophe, un Vosgien au grand cœur, est en couple avec Nathalie, une voyageuse téméraire. Partis dernièrement, pour un roadtrip à bord de leur vieille Renault ZX durant quelques mois dans les pays d’Europe de l’Est, ils ont soif de partager leurs histoires et d’entendre les nôtres. Super routards, ces soixantenaires dormaient un jour sur deux à l’arrière de leur minuscule voiture dans laquelle ils avaient installé un matelas. Après avoir expérimenté la générosité et l’accueil des habitants sur place, ils étaient très heureux de rendre la pareille en nous accueillent à leur tour et en partageant avec nous un délicieux repas typique de la région. Un énorme repas typique qui s’est terminé beaucoup plus tard que prévu, sachant que le départ arriverait très tôt le lendemain matin.
Malgré le contraste de génération, la rencontre fut formidable. Parfois, le simple fait de s’ouvrir à l’inconnu nous permet d’échanger et de voir que peu importe nos origines ou nos âges, on aspire tous aux mêmes critères de bonheur.
2e jour: Arches » Chevagny% chez un adepte de vie alternative
Ce matin, la maison est vide. Nathalie et Christophe sont partis à 4h du matin pour aller bosser à l’usine. Mais ils laissent toujours la maison ouverte, donc on en profite pour prendre un bonne douche et se faire un petit café avant de reprendre la route. Aujourd’hui, pas de co-voiturage, seulement une longue route pour aller rencontrer un ami de Michel du blog « Du monde au tournant ». Adepte de couchsurfing, Michel a logé à de nombreuses reprises chez François et il a été bien sympa de nous mettre en contact avec lui.
Après avoir étudié le trajet, on décide de prendre l’autoroute pour quelques heures, histoire d’accélérer la cadence et d’arriver plus tôt. Ça roule bien, malgré le mauvais temps. On mange les kilomètres au compteur et la journée avance à bon rythme. On est content. Mais hélas, notre bonne humeur s’arrête lorsque l’on sort de l’autoroute et qu’on voit le prix de notre confort, 38 euros ! Aïe, aïe, aïe, ça fait mal. Ça nous parait fort cher, mais bon, pas le choix, si on veut passer, il faut payer.
On apprendra, par la suite, qu’on a payé le prix pour les véhicules de catégorie 3 (catégorie de poids lourds), alors qu’on fait tout juste trois mètres de haut. La raison, notre foutu malle sur le toit qui nous a surclassée.
Nous aurions dû être classés en catégorie 2 et donc payer quasi moitié moins cher, car selon le règlement écrit de la compagnie d’autoroute, la hauteur n’inclus pas les équipements amovibles. Mais leur caméra (de m$#@!$) qui scanne automatiquement la hauteur des véhicules, elle, elle s’en fout royalement.
Pour payer le juste prix, nous aurions dû appeler l’hôtesse et lui demander de faire mesurer la hauteur du camion, ce qui aurait ajusté le prix en fonction. Une demande est toujours en cours pour corriger notre surtaxe, mais bon, la bureaucratie éternelle ne nous donne pas beaucoup d’espoir d’être remboursée un jour. On apprend de nos erreurs !
Maintenant, c’est décidé, on ne prendra que les nationales, et puis c’est tellement plus sympa de traverser les petits villages de la campagne française et les beaux paysages typiques, plutôt que de voir une longue ligne droite infinie. Maxime se sent aussi beaucoup plus à l’aise à conduire le camion et préfère rouler sur les petites routes plutôt que de se faire dépasser sans arrêt sur l’autoroute.
La route file et défile. On salue les autres campeurs de la main, lorsqu’on en croise, mais la réponse est plutôt timide, voir inexistante. Max est un peu déçu. Jusqu’au moment, où l’on croise une petite soeur de Keekoh (un autre Mercedes 207d) et à son bord deux vieilles dames qui nous saluent avec de grands gestes enthousiastes et un sourire fendue jusqu’aux oreilles. On leur répond, tout autant excité ! C’est la soeur de Keekoh, quoi ! Le soleil se couche, la couleur du GPS tourne en mode nuit, c’est le temps de s’arrêter. On arrive bientôt ?
On aperçoit finalement le panneau du petit, très petit village. Le GPS nous indique un mini chemin qui serpente dans la colline de l’autre côté de Chevagny, notre destination du soir. Dure montée, on roule lentement, on y est presque. Peut-être trop lentement, car en chemin, on croise une camionnette qui nous klaxonne. Qu’avons-nous encore fait ? C’était un sens unique ce truc ? Elle recule pour se mettre à notre hauteur, la fenêtre ouverte.
– Je suis François, Salut ! Je vais bosser là, mais la maison est un peu plus loin.
Faites comme chez vous.
Après avoir royalement galèré pour garer le van sur le terrain boueux en face de sa maison, on fait un peu de ménage dans le van en attendant le retour de François. Un petit coup à la porte du camion, nous informe qu’il est de retour. Un peu fatigué et ayant une migraine, il nous propose de cuisiner un souper léger à partager. On lui propose en échange, quelques bières belges qu’il commence par refuser, mais qu’il acceptera finalement avec plaisir. C’est quasi impossible de refuser de bonnes bières belges !
Une délicieuse salade de chèvre chauds, quelques bonnes bières et une conversation des plus intéressantes sur les alternatives qui émergent dans la région, transforment ce petit souper à partager en grande soirée de discussions passionnés. François cherche une autre façon de vivre et à des idéaux similaires aux nôtres. Adepte de l’entraide, il fait partie d’un réseau qui se rend service sans contre-partie financière. C’est du donnant-donnant et ça permet de rencontrer des gens ouverts et des acteurs du changement. C’est inspirant et surtout ça nous permet de nous rendre compte que les solutions sont plus fortes que tous les problèmes qu’on entend dans les médias traditionnels. Ce soir, on s’endort la tête pleine de rêves d’un monde meilleur dans notre bon vieux Keekoh.
3e jour: Chevagny » Matricon% chez des routards en fourgon
Comme hier, notre hôte est déjà parti au boulot lorsque l’on se réveille. Il laisse aussi toujours sa maison ouverte, ce qui nous permet d’aller prendre une douche et un petit-déjeuner bien au chaud. On en profite aussi pour lire nos e-mails et rassurer la famille et les amis. Le camion roule bien, pas de problème pour l’instant.
Lorsqu’on essaie de démarrer la bête, rien ne se passe. La batterie est vide ? On ne comprend pas, on est resté à peine une heure avec les lumières allumées dans le fourgon. La nuit à Arches, on avait pu se brancher sur l’électricité de la maison, hélas on n’a pas pu cette fois-ci, mais tout de même. Comment la batterie a-t-elle pu se vider toute seule ? On a d’ailleurs deux batteries dans le van, une qui ne se décharge pas pour permettre de redémarrer le moteur et une pour l’habitacle. Il n’y a pas de raison qu’elles soient, toutes les deux, mortes. Et comme par hasard, à ce moment précis, il se met à pleuvoir.
Que faire ? Attendre que François revienne du boulot pour brancher les pinces ? Il n’y a personne dans les alentours. Le petit village semble désert et on est à l’écart sur une route très peu, voir pas passante du tout. Du calme… Bon, première étape, accéder à notre batterie qui se trouve sous le siège conducteur. Car, problème numéro uno, on n’arrive pas à l’atteindre sans enlever le siège au complet. Merde ! La pluie s’intensifie. Et merde ! Il va falloir démonter tout le bazar. Les joies de la vie en van disiez-vous ?
La suite de notre roadtrip en van jusque Rome,
c’est par ici…
↪ La vie sur la route en van, ça nous permet de tomber devant des paysages comme celui-là
↪ Voici l’intérieur de notre nouvelle maison, ou notre vieux van aménagé, Keekoh!
↪ Max qui s’amuse pour la photo, à notre départ de Bruxelles
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