Intrigués, on a demandé. Pour eux, le jaune du drapeau Jamaïcain représente le soleil, le vert c’est la nature et l’espoir, tandis que le noir correspond à la couleur de leur peau.
Notre hôte en Jamaïque
Retraité depuis quelques années, Donaldson Bernard, retape sa maison d’enfance laissée à l’abandon. Il souhaite faire un éco-projet touristique de sa petite ferme située tout au haut d’une colline offrant une vue incomparable sur les Blue Mountains de la Jamaïque. C’est une façon de montrer aux locaux, ainsi qu’aux touristes l’exemple d’un tourisme responsable, avec des techniques de permaculture et d’auto-suffisance.
Perché au sommet de sa bute, il passe tout son temps libre à rénover sa propriété. Défrichage, reconstruction, pavement, compost, etc. Il ne s’arrête pas. Récemment, il a installé des citernes pour récolter l’eau de pluie et un panneau solaire pour recharger son système de batteries qui offrent la lumière du soir. Très rustique, on nous propose de dormir dans une petite cabane en bambou aménagée. L’accueil très chaleureux, malgré la simplicité des lieux, nous a tout de suite permis de nous sentir chez nous.
Aujourd’hui, c’est plus qu’un simple dimanche en famille, c’est un jour de célébration en Jamaïque. Toute la famille Bernard se réunit pour un pique nique au bord de la rivière. Notre tâche de la journée : défricher les abords de cette rivière en vue d’installer tout le monde confortablement.
Quelques minutes en pick-ups sur des routes impraticables, on s’arrête au milieu de nulle part pour marcher les quelques mètres restant sur une plantation de bananes. Arrivés au bout, on traverse le dernier droit sur la rivière à bord d’un raft en bambou. Sans rien se casser, ni tomber à l’eau, on arrive finalement sur la terre de Donaldson, son chill spot préféré. Armé d’une machette chacun, l’outil par excellence de la Jamaïque, on commence à travailler, le dos courbé sous le soleil. Allez! Il ne reste que deux heures pour transformer ce champ d’herbes hautes en une zone de repos agréable.
Après avoir sué les dernières gouttes d’eau de notre corps, on aperçoit les frères, soeurs et cousins qui arrivent au loin. Ils sont forts chargés de casseroles, victuailles et, en surprise, ils ont apporté de beaux gros bateaux gonflables pour s’offrir un moment de détente sur la rivière. Les femmes en charges du repas s’installent dans un coin et se mettent à la tâche. Elles préparent plusieurs petits feux et mettent toutes sortes de racines (patates douces, ignam, etc.), avec du calaloo (sorte d’épinard) et du poisson (maquereaux) à cuire lentement. Ici, quand on fait un pique nique, ce n’est pas avec une nappe à carreau, du pain et du fromage, c’est tout un repas chaud cuisiné aux feux de bois. Le comble du luxe en Jamaïque ce sont les bancs construits sur place à même les bambous des alentours. Full service.
Après ce festin de roi en bonne compagnie, tout le monde se dirige vers la rivière pour se rafraichir. Une petite cousine de 4 ans, Lativia, adorable comme tout, nous a bien adoptés et nous suit partout. Max, malgré sa barbe imposante, est maintenant son nouveau grand frère. On rencontre également le fils de Donaldson, Kaï, avec qui le courant passe tout de suite très bien. Photographe en devenir, il aimerait également beaucoup voyager. Partage, échanges, fous rires et moments de détentes au beau milieu de la nature, tout ce qu’on aime en une seule journée. La soirée se terminera en beauté, de retour à la ferme, par des jeux de cartes à n’en plus finir.
Les jours suivants ont une saveur de jardinage à la machette. Pas besoin de s’embêter avec une petite pelle, un râteau, une hache, un sécateur ou un couteau, ici, on prend une machette et on se débrouille. Entre les nids de fourmis rouges et la chaleur du soleil Jamaïcain, on désherbe tant bien que mal les plants de gingembre et de curcuma (racine à la base du curry) accompagnés de Donaldson et son cousin.
L’heure de la pause arrivée, notre hôte nous propose une noix de coco pour nous désaltérer. Hop hop! En quelques secondes, il décroche quatre belles jelly coco (noix de coco fraîche) du cocotier voisin. Première étape, en un coup net et précis de machette (encore elle), il perce la noix pour nous permettre d’en boire avidement l’eau rafraichissante. Et c’est à n’en plus finir, il doit bien y avoir un litre de jus dans ce fruit délicieux. Étape deux, Donaldson réquisitionne les noix pour les ouvrir en deux. Grâce à une petite découpe d’expert, il nous fait même une cuillère avec un morceau de la coque. Les cocos à nouveau entre nos mains, on s’attelle à la tâche de manger la chair encore humide et gluante. Extra nourrissant, on se régale.
Un après-midi, Kaï, le fils de Donaldson, nous emmène visiter la ville de Port Antonio. On rencontre ses amis d’enfance, avec qui il est allé à l’école d’ingénieur. Très ouverts, on discute de leur vie en Jamaïque et de nos différences en tant qu’occidentaux.
On demande à Kaï ce qu’il souhaite dans la vie. Il réfléchit et nous avoue que ce qu’il désire le plus c’est de la sécurité pour sa famille. Tant au niveau des catastrophes naturelles (ouragans) ou de la criminalité, mais aussi bien pour assurer la bonne éducation de ses enfants et leur accès à un système de santé respectable, qui reste assez dispendieux en Jamaïque. Il a déjà été confronté à des enfants mourants dans son entourage, dont leurs parents ne pouvaient pas payer l’hôpital.
Des besoins primaires, mais dont on ne voit plus vraiment l’importance, pour nous, qui vivons dans une société qui fournit tous ces services. Brusque remise en pleine face des valeurs de la vie et de la famille que nous oublions rapidement parfois. Malgré tout, conscient de sa réalité, Kaï considère la chance qu’il a d’avoir eu accès à une éducation de qualité. Il a espoir que le futur soit prometteur pour son pays, mais qu’un effort commun est nécessaire pour y arriver.
La Jamaïque nous aura vraiment surpris par bien des aspects, surtout après les nombreuses mises en gardes entendues avant le départ. L’extrême gentillesse de ces habitants, leur ouverture d’esprit et surtout leur culture enrichissante sur le monde nous a enchanté.
Pour les plus aventureux et fanas de randonnées
On a entendu parlé après coup d’un super trek à faire dans les Blue Mountains: Le Cunha Cunha Pass Heritage Trail.
Le Cunha Cunha Pass Trail est un sentier historique dans les montagnes de 8km de long. Il était à l’époque utilisé par les Maroons Windward (descendants directs des Africains qui se sont enfuis dans les montagnes pour échapper à leur condition d’esclaves). Ce sentier était une voie d’évacuation durant les combats avec les forces britanniques. Il relie la région de Hayfield à St Thomas avec Bowden Pen et la vallée du Rio Grande à Portland. Cette région est particulièrement luxuriante et magnifique avec de nombreux ruisseaux et des cascades. C’est le principal habitat endémique de papillons géants, les plus grands de l’hémisphère occidental.
La suite des aventures Jamaicaines
à lire sous peu sur www.facebook.com/detourlocal
↪ Donaldson et une partie de sa famille
↪ Cuisine extérieure sous les feux de bois
↪ Traverser la rivière sur un raft en bambou, ce n’est pas toujours facile
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