Très difficile à cerner réellement, on parle de slow travel comme une méthode de voyage qui met la priorité sur la qualité et non la quantité.
On met également l’emphase sur le fait de prendre son temps et d’une meilleure prise de conscience de ses actions sur place.
Soit par une location sur une plus longue période, un trajet plus lent qui permet de «mieux» profiter et de s’imprégner du rythme local ou d’une activité plus humaine tel un cours de cuisine à petit groupe.
C’est le mot à la mode dans l’industrie du voyage, à côté de « voyage écologique » et « économie de partage ». Le retour à des choses plus simples, plus lentes, ça entre, aujourd’hui, dans notre nouveau dogme de penser. Les gens se posent de plus en plus de questions sur leur vie, leur impact sur le monde et du même souffle, la conscience globale, sur pleins de niveaux, dont le voyage, nous permet d’entrer dans un mode de choix non plus seulement axé sur le prix, mais également sur l’expérience.
On le répète constamment, tout va trop vite, on est épuisé par notre boulot, par les dix mille choses à penser quotidiennement, on n’en peut plus, on a besoin de décrocher. En fait, c’est peut-être un peu parce que notre société passe une sale époque, que l’engouement pour ce genre de voyage est à la mode.
On a le goût de changement, de ralentir, de prendre le temps, de décrocher, de vivre à un rythme plus sain et de remettre un peu d’ordre dans notre tourbillon quotidien. Laisser s’exprimer notre côté nomade, revenir changé, toucher l’inconnu et prendre du recul sur notre vie qui nous parait bien banal. On est beaucoup à être en grande recherche de sens et le simple fait de bouger nos cellules dans un autre pays pour un temps donné, ne convient plus à tout le monde. L’alternative trouve repère dans un mode de voyage de plus en plus lent, axé sur les rencontres avant tout et non plus seulement sur l’accomplissement de lieux visités ou choses vues à travers notre appareil photo.
Pour réussir un voyage en mode slow travel, il faut : planifier moins, planifier mieux, mettre en contexte, regagner le rythme de notre routine, échanger avec des humains, décrocher de la technologie et se familiariser avec une nouvelle façon de voir les choses. C’est dit ! Vous savez tout. Vous pouvez arrêter de lire maintenant.
La règle d’or, c’est d’éviter de succomber à notre désir nouvellement inné d’homme moderne, de sur-planification précise, à la seconde près, sans quoi la terre s’arrêtera de tourner. Il faut arrêter de tout vouloir contrôler et plutôt se concentrer sur les expériences à vivre et à faire.
On est tous d’accord, un voyage de nos jours ça ne se prépare plus seulement avec un guide du Routard, Lonely Planet ou un guide Michelin, mais bien avec des heures de recherches en mode hardcore. Car, ce dit voyage, se doit d’être unique, d’être le meilleur. Les 10 choses à faire, les trucs insolites à ne pas manquer, les festivals à aller, la bouffe incontournable à déguster, le resto pas encore connu, pas cher et surtout introuvable, les conseils d’expats du coin, la référence d’ami d’amis, les recommandations du cousin. Activités, à faire, à voir, à manger, à visiter, à éviter, où dormir, comment y aller, à ce prix-là, il ne faut pas oublier… On se retrouve rapidement avec vingt pages ouvertes sur notre navigateur web. En soi, une bonne planification de voyage de nos jours, revient souvent à une bonne recherche aux « bons plans ». C’est pour cette raison que vous être probablement tombé sur ce blog. Vous avez envie de découvrir autre chose et surtout d’avoir une liste de trouvailles avec lesquelles vous pourrez bâtir vos prochaines vacances. Ces références vous permettront de sortir du « mainstream » et devenir pour un court instant, un vrai-faux local.
Ceci étant dit, pour vivre un voyage en mode slow travel, la qualité surplombera à tous les coups la quantité, et ce, sans aucun doute. Il faut alors sortir sa carte et commencer l’analyse de la situation géographique de vos références versus vos envies profondes. Le but est de donner une valeur spatiale à cette vaste sélection tout en mettant en relation temps et budget disponible.
Petit conseil, votre liste de choses à faire sera toujours trop longue, toujours! Un point important du slow travel, c’est la lenteur. Revenez à l’essence même des choses dans votre liste et posez-vous vraiment la question de ce que vous voulez retirer comme expérience de voyage.
Diminuer le nombre de choses à voir ou à faire durant votre planification, pour arriver à seulement se concentrer sur quelques grandes envies principales autour desquels se dresseront le reste de l’aventure. Ça n’empêche pas que vous ayez préparé d’autres activités ou choses à faire sur place, mais il faut considérer qu’en période d’organisation et de préparation, vous devez vous concentrer sur le minimum, crucial pour vous. Restez local, rayonnez différemment, prenez-vous une chambre avec une belle vue, trouvez-vous un nouveau lieu de bonheur où votre futur vous-même sera ravi par le simple fait d’y être.
Puis, il faut savoir qu’une bonne référence prend vraiment une saveur particulière lorsqu’elle est rattachée à une expérience précise. Pour l’un, ce bar est le must à faire si tu passes par là, car l’ambiance de sa soirée était démente, tandis que pour d’autres, c’est le côté plus cosy, ou encore pour certains, c’est simplement parce que la journée s’était trop bien passée et qu’ils étaient dans un mood positif qu’ils vous recommandent cet endroit. Autrement dit, chacun a sa propre raison pour référer tel ou tel truc à faire ou à voir. L’important dans tout ça, c’est de dresser un contexte autour de la référence. Ne pas la consommer de manière automatique pour passer rapidement à la prochaine. Ralentir nos ardeurs de consommateur abusif et prendre le temps de se mettre dans l’ambiance. Pour se faire, il faut se renseigner sur notre destination au-delà des attractions de touristes et essayer de comprendre la réalité des lieux. Un restaurant dans le sud de l’Italie n’accueillera les gens le soir, qu’à partir de 19h30 voir 20h. Avant ça, c’est vide ou pire, remplit de touristes comme vous, venus trop tôt. Vous serez alors peut-être déçu à l’idée que votre resto « vraiment local, à l’ambiance génial à voir de ses propres yeux », ne ressemble, qu’en réalité, à un bête attrape-touriste avant les heures normales. Il faut donc prendre le temps de mettre en contexte nos références reçues et surtout se renseigner sur les coutumes locales.
Du coup, votre recherche ne doit pas simplement s’orienter sur l’action quotidienne pour remplir votre agenda, mais également sur les références de qualités pour vous mettre en ambiance. Des endroits typiques où vous devrez prendre le temps qu’il faut pour profiter réellement de l’endroit.
L’avantage avec le slow travel, c’est qu’en utilisant le temps à votre avantage et surtout en restant curieux et ouvert sur les autres, vous augmenterez vos chances de vivre des moments marquants et mémorables. Encore une fois, faire l’expérience du « voyage lent » est beaucoup plus axé sur le partage d’un moment que sur le simple divertissement d’un lieu.
Après avoir dressé une situation géographique épurée de vos envies de voyage et qu’elles sont mises en contexte, il ne faut pas oublier les éléments techniques. La routine, elle sera toujours là ! Les secondes ne changent pas de vitesse, même à l’autre bout du monde. Alors, la question devient : quel petit bonheur routinier n’avez-vous pas fait depuis longtemps ? Se lever à midi, brunch au lit, jogging du matin, lecture d’un livre d’une couverture à l’autre sans s’arrêter, prendre un bon bain chaud, prendre l’air, déguster un bol de café emmitouflé dans un énorme fauteuil, faire l’apéro sur une terrasse à partir de midi, bref, c’est le moment idéal pour redorer votre routine et adaptez les choix techniques (logement, transport) de votre futur voyage.
Le billet d’avion. Cinq escales, vraiment ? Parfait, un livre de plus à dévorer. Logement dans un petit village éloigné, vraiment ? Pourquoi pas ! Habiter chez l’habitant, c’est souvent moins cher, via des sites tels que LysBooking ou Airbnb, et vous pourrez profiter d’une salle de bain grand luxe et d’une cuisine américaine idéale pour enfin prendre le temps de cuisiner après des heures à flâner dans le marché local des environs. Puis, il faut organiser son transport. Réserver une voiture ? Mais pourquoi pas le vélo ? À pied ? En transport en commun, c’est possible ? Comment font les locaux ? Bref, l’important est d’essayer de ralentir ses ardeurs et de combler sa routine avec des éléments qui nous rendent foncièrement heureux, tout en y ajoutant une saveur locale de l’endroit qu’on désire explorer. Le rythme doit être pour nous, un rythme de détente et de prise de temps pour soi.
Faites-vous plaisir, reprenez le temps de flâner et surtout de ne rien faire. Redonnez de l’importance à vos sens. Goûtez le moindre truc qu’on vous offre. Sentez la subtilité de tout ce qui vous entoure. Touchez et comparez les textures qui décorent vos environs. Écoutez le silence d’une conversation. Bref, reprenez le contrôle de ce qui se passe autour de vous afin d’apprécier les simples choses qui nous passent trop souvent sous le nez.
Pour être conséquent avec ce mode de voyage, il faut, à mon avis, impérativement devenir pratiquant du commerce local. La logique est là, à chaque interaction avec un local, vous aurez l’opportunité de lui demander conseil pour la suite de vos aventures. Laissez-vous surprendre par la synchronicité de votre voyage et laissez-vous porter par la vague. Oubliez les commentaires de blogueurs ou guides de voyage et consacrez votre temps à discuter avec les gens autour de vous. La période de planification est terminée et il est temps de vivre pleinement son voyage.
Dans la même lignée, dès votre arrivée, éloignez-vous de la masse touristique traditionnelle et prenez le plus rapidement possible contact avec le local. Du moins, optez pour des options qui vous en rapprochent. Au lieu de prendre une bière à l’auberge de jeunesse, optez plutôt pour une Free Walking Tour et demandez à votre guide si vous pouvez lui payer une bière. Il sera votre meilleure source d’information, sans l’ombre d’un doute. Ou bien rejoignez un meeting CouchSurfing pour y rencontrer les locaux et expats du coin. Ou tout simplement, partez à la recherche du marché local, du petit café du coin et tentez de prendre le pouls de la région, de la ville, des coutumes de votre nouvelle « maison ». Osez créer le contact, forcez la main à votre chance, observez autour de vous et n’hésitez pas à briser la glace avec un pur inconnu, même si vous ne partagez pas la même langue. Laissez votre guide à la chambre et apportez plutôt un carnet pour y inscrire vos coups de cœur à vous.
Oubliez Facebook. Oubliez vos e-mails. Oubliez vos soucis technologiques. Mais surtout soyez égoïste et gardez votre voyage pour vous seul. Oubliez l’appareil photo, parfois, et soyez égoïste en remettant l’emphase sur le moment, la seconde qui passe. Pour vous seul, et personne d’autre.
La connectivité en voyage ça peut être utile, certes, mais pour ce genre de voyage, vous aurez beaucoup moins besoin d’être collé au wifi en permanence. Le but est de vraiment éloigner toute connexion avec la vie et la cadence qui nous attend à la maison et de se consacrer pleinement à la lenteur de ses vacances. Comblez vos moments de dépendance technologique par un carnet de voyage, une marche matinale ou une séance photo du lieu où vous êtes, afin de vraiment vous imprégner dans le moment présent. L’avantage d’un voyage plus lent est, qu’également, le rythme auquel vous devrez absolument immortaliser la dites attraction incontournable sera plus rare (puisque vous visiterez moins d’éléments différents) et vous pourrez donc après coup vous concentrez à imprégner vos souvenirs à travers vos yeux et non par le fond de la lentille de votre appareil photo, qui ne saurait rendre hommage à la subtilité de ce moment vécu.
Un autre point important du slow travel, est l’apprentissage ou au moins la familiarisation à la langue locale. Devenez un pro des langues, même si vous n’y connaissez rien. Avant le départ, pratiquez-vous en écrivant sur des petites fiches, une dizaine de phrases usuelles du pays, afin de débloquer le premier contact avec vos futurs hôtes. Vous verrez leurs sourires seront instantanés. Un Tussen Tak, Buon Juorno, Gracias ou autres vous permettront pour quelques petites secondes d’ouvrir une connexion avec un autre humain à l’autre bout du monde.
À bien y penser, la langue ce n’est surtout qu’un prétexte. Car en fait, le but, c’est de rester ouvert à quelque chose qui vous est complètement inconnu. Soit une façon de faire, un café beaucoup plus court que ce dont vous êtes habitué, une lenteur de service à table, une cacophonie de voitures incompréhensible, bref, vous serez constamment confronté à des éléments banals de la vie quotidienne qui avant votre départ, n’ont jamais croisé la possibilité de votre esprit.
Dans un voyage plus traditionnel, on s’y frotte, mais rarement prend on le temps de l’apprécier et surtout de s’y accoutumer. Avec un voyage en mode slow travel, au début ces petites différences de la vie nous choquent, comme tout le monde. Puis, on accepte petit à petit de se prêter au jeu et d’une certaine façon ça ouvre complètement notre façon de penser ou de voir les choses. Et même, à notre retour, ces petites anecdotes viennent à nous manquer un petit peu. Et c’est là, la beauté de prendre son temps et de vivre consciemment l’expérience du voyage. Remettre en perspective notre place dans ce vaste monde et surtout prendre conscience qu’ailleurs de notre réalité, il existe un monde complètement différent qui est peut-être la piste d’une solution globale qu’on cherche depuis un certain temps. Qui sais, c’est peut-être ça le bonheur.
La beauté de l’aléatoire doit faire partie intégrante du voyage plus lent, car de secondes en secondes, de jour en jour, voir de semaines en semaines, on adapte petit à petit son niveau énergétique à notre lieu de résidence temporaire et comme par magie la solution d’un bonheur simple et agréable nous comble d’une joie immense. Ce qui est magnifique dans tout ça, c’est que ce changement intérieur sera à jamais associé à ce lieu nouvellement conquis dans la mappemonde de nos souvenirs.
La suite de nos aventures
et un nouveau site web en ligne sous peu.
↪ une semaine en mode slow travel à la mer, tranquille, sans aucun planning réel.
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