Les cliniques d’expatriés sont souvent en voyage un baume pour votre côté hypocondriaque. Vraiment, mais vraiment plus chère que les soins réguliers offerts aux locaux, vous aurez au moins la sureté d’être entre de bonnes mains.
Parcourez des groupes ou forums, tels que ceux de CouchSurfing, afin de vous trouver la clinique la plus proche. C’est votre maman qui vous en remerciera.
Précédemment, dans le dernier épisode…
Sans avertissement, comme ça, un bon matin, on a un mal de bloc. […] Je me regarde dans le miroir et j’ai un seul mot en tête: fuck! Je me vois atteint d’une cochonnerie du tiers-monde et je déteste même ma décision d’être venu ici. […] Le lendemain, c’est dégueulasse. Je me lève tout croche. J’ai mal dormi. Pleins de cauchemars, mon lit est détrempé, je panique. C’est la malaria, c’est certain!
[…] Sans rien dire, elle me râpe le doigt sur une languette de vitre et la dépose tout bonnement comme ça sur la table. Puis, elle me donne une belle petite motte d’ouates et m’invite à aller m’asseoir dans le corridor infesté d’une jolie odeur d’hôpital africaine. Cinq minutes plus tard, … sans aucun détour, un seul mot arrive à mon cerveau. Malaria. Quoi!?, -dis-je. Rien à craindre, ça arrive à tout le monde.
Après de brèves explications, en swahili bien sûr et une panoplie d’interrogations de ma part, transmises par le langage des signes, on m’explique que je dois payer une facture 15000TSH, soit environ 10$CAN. Cashliiiing!
Vous avez manqué le début de l’histoire?
Je sors de la mini-clinique avec une vague impression de m’être fait fourrer version africaine. Tout juste revenu à la maison, c’est quasi la fête! MALARIA, POLE SANA…! (Tu as la malaria, vraiment désolé). POLE SANA par là, POLE SANA par ici. J’ai attrapé la malaria, je suis maintenant un des leurs. On me prépare illico un bouillon de poulet avec des nouilles, comme le veut la tradition. En prime, on m’invite à prendre le repos complet pour la journée et à m’étendre dans ma chambre avec une panoplies de DVD piratées. Bien! Ce n’est pas si mal que ça la malaria après tout.
Cinq films et deux pilules antimalaria plus tard, je me sens beaucoup mieux. Un peu trop à mon goût. J’ai une vague impression de mauvais diagnostic qui me tourne autour. Après tout, sans diagnostic positif, mon infirmière préférée et son acolyte n’auraient bénéficié que de 2000TSH.
Avec une petite recherche, j’apprends qu’on avait oublié de me parler d’une clinique d’expatriés qui offre le test de dépistage de la malaria de manière plus rigoureuse. Trop tard pour aujourd’hui, mais demain j’en aurai le cœur net. Entre temps, hop! une autre pilule. On n’est jamais trop prudent.
Le lendemain, arrivé à la clinique d’expatriés, rassuré par la propreté des lieux, on me suggère le test ultime pour en avoir le coeur net. Trois tests et la consultation avec un médecin. Quinze minutes plus tard, tous les tests déjà terminés, j’ouvre la porte du cabinet du médecin. Elle semble plutôt mal à l’aise. «Avez-vous commencé à prendre les pilules antimalaria?» Je lui répond «Oui, bien entendu!». «Mieux vaut-être prudent» – me dis-je. Je perçois une grosse vague de honte sur son visage.
En gros, son diagnostic est que je n’ai pas la malaria. En fait, il n’y a aucune chance qu’elle ait été dans mon système. «Vous êtes certaine?» «Sans aucun doute.» – me répond-elle. «C’est leur façon d’être rentable, sinon ils ne feraient pas d’argent avec seulement des résultats négatifs.»
Après s’être excusée du système corrompu et en me réaffirmant la paranoïa commune injustifiée de tout le monde contre cette maladie, surtout ces temps-ci en période de sécheresse, elle m’invite à revenir sans problème si jamais mon cas empirait dans les prochains jours. Mais d’après elle, une simple grippe, voilà tout! Je passe au comptoir de la réception, soulagé. Cashliiing! 35$ US. Paye mon gars.
Sérieusement, après toutes ces aventures, le plus frustrant et ce qui m’ennuie le plus, c’est le foutu bâton qui est toujours pris entre mes deux fesses. Sans aucun remord, ni aucune gène, parfois on nous prend sérieusement pour des ignorants. On est conditionné à être sur-protégé par tous les moyens possibles et inimaginables. Pilules par ci, assurance par là. Protection tout inclus, prévoir l’improbable, préparer l’intangible, éviter de prendre le moindre risque. Tant au Canada qu’en Afrique, c’est la même chose. La valse paranoïaque avec une douce odeur qu’on nous rit en pleine face et qu’on profite de n’importe quelle occasion pour nous soutirer le moindre dollars.
Cashliiing! Bon voyage à tous…
Avertissement
* Cet article a été écrit dans un but humoristique. Ne tenter pas l’expérience à la maison et surtout ne pas considérer mes expériences personnelles comme de bons conseils pour vos futures voyages, je ne suis pas responsable de vos propres décisions. Merci!
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