Tant qu’à y être il ne faut pas oublier les autres du débat, quoi que.
Le Prosecco c’est en fait le nom du cépage utilisé pour créer ce vin pétillant du même nom. Méthode de vinification plus simple, il est légèrement plus sucré.
Le California Champagne, dans la majorité des cas, on y ajoute du C02 pour le rendre pétillant. Le goût et la méthode reste donc très loin du champagne.
Parfois, j’ai le goût d’être vraiment festif. Une envie comme ça d’avoir un petit thrill et d’ouvrir la bouteille comme un coureur automobile devant tout le monde. Mais bon, c’est peut-être juste moi. En fait, c’est bien rare que mon envie festive soit telle que je ne m’attarde pas sur le prix du vrai Champagne. Du coup, je me retrouve souvent à acheter du Cava, essentiellement pour son bas prix. Devant le rayon des «vins pétillants», je voudrais bien acheter la grosse quille avec le gros nom et faire bonne impression, mais ce n’est que du Cava que je mets dans mon panier, avec un petit goût de «criss que je suis cheap» en bouche.
Le Cava pour moi, ce n’est pas du tout comparable au Champagne. Juste à regarder le prix, c’est pas bien dur à comprendre. Du moins, c’est ce que croyait le moi d’avant, avant de faire un échange de service dans la région du Penedès dans le nord-ouest de Barcelone en Espagne. Le tout chez un bloggeur, qui écrit sur le cava et ses producteurs locaux. Ne connaissant le Cava que pour son prix économique, je n’ai jamais eu tant tort en un si court lapse de temps à propos du Cava.
Mon sac à peine déposé, mon hôte me sert un verre de Cava. Connaissez-vous un meilleur moyen d’être accueilli dans une région que par la dégustation de ses produits du terroir?
Le truc, c’est qu’il ne me sert pas mon verre de la même manière qu’on me sert habituellement du Cava. Normalement, on me le sert avec le mi-sourire gêné, en me disant d’une faible voix que ce n’est pas du gros Champagne, mais que c’est tout comme. Mais Anthony, un anglais expatrié vivant dans la région depuis près de 10 ans et devenu expert dans le domaine, me le sert d’une manière beaucoup trop fière en me fixant, ardemment, quasiment pour tester et analyser ma réaction.
Erreur. Grosse erreur.
– « Peut-être qu’ils (les espagnols) n’ont pas inventé le processus, mais tout de même la qualité en reste de loin supérieure. Mais t’inquiète, ton ignorance n’est que le fait d’une mauvaise presse, tout simplement causée par des anciennes stratégies d’intégration de marché beaucoup trop aventurière, qui ont tué l’appellation. Ici, faut savoir que le terroir et les conditions climatiques surplombent tout ce qui peut être fait en région champenoise. Ça ne devrait même pas être un débat, le Cava est tout simplement meilleur. À produit comparable, en oubliant la piquette que tu retrouves au supermarché, le Cava est de loin supérieur en goût, en douceur et en fraîcheur. Tu verras…»
Ouh la! Dans la gueule. Je veux bien le croire, mais pourquoi pas une visite d’une de ses productions espagnoles, pour en avoir le coeur net et me laisser me faire ma propre opinion sur ce débat qui prend tout à coup une tournure très fascinante.
Petite mise en contexte
Tout d’abord, une petite introduction sur la question. Pour faire simple, le Cava et le Champagne, grosso-modo, c’est quasi la même chose, à moins d’être puriste (soit d’un côté ou de l’autre). Les deux, à quelques détails prêts, font la deuxième fermentation à même la bouteille, ce qui crée les bulles naturellement, au lieu d’être ajouté par la suite.
En fait, jusqu’en 1970, le Cava espagnol était aussi appelé Champagne, juste avant que l’Union européenne ait jugé que seuls les vins produits dans la région de Champagne en France, pouvaient être appelés de la sorte. Le Cava a donc été présenté sous un nouveau nom, avec de nouvelles normes espagnoles et un nouveau grand avantage par rapport à la région champenoise (à ce qu’ils disent), son emplacement.
Ma visite commence au petit village de Sant Sadurni d’Anoia, en Catalogne, d’où plus de 80% de la production du Cava provient. Xavier, propriétaire de Torrens Moliner, une petite production de Cava familiale tenue de génération en générations, est fier de m’accueillir sur ses terres et surtout de m’informer sur la qualité de ses produits et les grandes différences avec, non seulement le champagne Français, mais également les producteurs massifs de Cava de la région.
En gros, ils ont un climat différent, des pluies limitées, de faibles vents, des attentes plus élevées sur les normes dictées, l’attention aux détails orientée sur la qualité et non sur la quantité, le tout porté à l’équation pour donner un Cava unique en son genre. Facile à comprendre, mais très difficile à concurrencer, selon Xavier.
Pour lui, sa terre natale c’est tout simplement l’endroit idéal, créé par dame nature, pour cultiver les trois cépages de bases du Cava, soit le Macabeu, Xarel-lo et Parellada. Le problème, c’est que la forte présence sur le marché des producteurs massifs rendent la commercialisation de ses produits à lui, le vrai Cava à ses yeux, très difficiles. Rien à voir avec le produit sans goût et sans âme qu’on retrouve sur nos tablettes, ici le Cava c’est une passion avant tout.
En terme de goût, les petits artisans locaux, et Torrens Moliner en particulier, ne s’arrête pas là. Tout d’abord, leur bodega est située sur le vignoble même, afin d’assurer une première extraction, dès que possible après la cueillette. Puis à chaque étape de production, la différence est humaine. Ils s’assurent manuellement que tous les stocks soient parfaitement documentés, soigneusement emballés, rigoureusement inspectés et vieillit à la perfection en fonction de la récolte, de l’année et de l’attente du produit final. Une grande attention aux détails est assurée, pondérées par un combat journalier entre la technologie et les traditions. Faut-il utiliser de nouveaux équipements high-tech ou conserver nos vieux procédés traditionnels?
En fait, à ce que j’en comprends, la principale force de Torrens Moliner et les autres producteurs de la région, c’est leur taille. Ils savent qu’ils ne peuvent pas rivaliser avec la production de masse des grandes maisons voisines, alors ils maximisent tout, portent une attention maladive à tous les détails pour faire en sorte que l’âme de la région soit soigneusement transposée jusque dans chaque bulle.
D’abord, au lieu de s’asseoir sur une stratégie de bas prix, principalement dictée par les gros producteurs du marché qui désirent tirés leur part du gâteau à l’international avec un produit abordable mais assez fade, plusieurs producteurs locaux utilisent tant qu’à eux le plein potentiel de ce magnifique terroir afin de produire une expérience unique en son genre. Très loin du produit bas de gamme qu’on retrouve dans nos supermarchés, les Cavas que j’ai eu la chance de goûter lors de mon séjour dans la région m’ont vraiment convaincu de la détermination initiale d’Anthony à me faire découvrir la différence de ce produit magnifique.
Permettez-moi de vous dire qu’avec du Cava de petits producteurs, vous pourrez goûter la subtilité festive des espagnols à chaque fois que ces petites bulles éclateront sur votre langue. Et sans gène, vous pourrez comparer le Cava à du Champagne de grande maison. La vérité nue, c’est que les odeurs qui se trémoussent, jusqu’aux frémissement de vos papilles gustatives, vous permettent à elles seules de comprendre l’entêtement des habitants de la région à faire redécouvrir ce produit de leur terroir.
Parfait pour une occasion spéciale, mais aussi fantastique pour accompagner des repas de spécialités hebdomadaires (genre une omelette espagnole!!). Le but de mon histoire est qu’il ne faut pas hésiter à payer un peu plus chère pour un Cava. Ce que vous consommez agréablement à bas prix, pourrait rendre votre coeur beaucoup plus tendre et moelleux, si vous y métiez le même budget que pour du Champagne traditionnel. Il ne s’agit pas de l’apparence, du prestige ou du supposé savoir-faire seulement Français, mais surtout de ce qui réside entre ces bulles pétillantes.
la suite de nos aventures en Espagne
en live sur Détour Local
↪ un aperçu des vignes du vignoble par une belle matinée de printemps
↪ réservoir de la bodega du site de Torrens Moliner
↪ le Cava doit vieillir 9 mois (avec le bouchon métallique) pour produire un Brut Naturel (AOC)
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