Eté comme hiver, la station de La Clusaz est ouverte aux amoureux de la nature. www.laclusaz.com
Contrairement à l’ours qui dort durant tout l’hiver, pour se réveiller en pleine forme au printemps, faire une saison à la montagne c’est travailler comme une bête durant toute la saison froide pour ensuite se reposer à la belle saison. En tant que saisonnier, on peut économiser ou pas de l’argent durement gagné, profiter de la montagne et des conditions et surtout fêter autant que possible dans un endroit plus souvent qu’autrement magnifique. Pas le temps de s’ennuyer. Même pas le temps de voir le temps passer. La cadence change, augmente et diminue de semaine en semaine et c’est dur à suivre. Il y a des jours qui filent et d’autres qui stagnent, on dort quand on peut et quand on peut, on dort plus longtemps que d’habitude. Ce contraste permet d’équilibrer sa saison en fonction de ses capacités, de mieux profiter, de rétablir son sommeil ou de multiplier ses heures au boulot. Un rythme chaotique s’installe rapidement, puis s’arrête brusquement pour mieux reprendre et stopper à nouveau. De toute façon ceci n’est que de courte durée, il faut s’y faire, c’est ça faire une saison; il faut suivre la vague et espérer le retour rapide du printemps, les poches bien remplies.
Au cours de notre saison dans les hautes alpes françaises, dans le petit village de La Clusaz, on a fait des rencontres merveilleuses et surtout singulières. Des voyageurs, des aventuriers, des saisonniers aguerris et des nouveaux venus, mais aussi des gens paumés à la recherche de quelque chose de plus. Cette foule de gens intéressants avait tous pleins d’histoires à raconter, de projets en cours, d’espoirs déchus, de rêves et d’ambitions, mais surtout ils vibraient tous aux rythmes des saisons. En été à la mer, en hiver à la montagne, ils voyageaient parfois en groupe, parfois seul, en couple ou avec leur chien, à la recherche du filon parfait, le temps d’une courte saison. Ce sont tous des gens qui en veulent plus, mais surtout, ce sont des gens qui ne veulent pas se contenter de ce qu’on leur donne.
Vivre et travailler au gré des saisons permet de pouvoir choisir ce qu’on veut quand on veut, de changer de cap ou d’orientation rapidement en fonction de ses envies du moment. C’est un mode de vie qui offre une liberté assurée. Pour certains d’entre-eux, à bord de leur camion, leur décision de vivre en marge de la société nous a fait réfléchir, elle nous a même fait rêver. Néanmoins, on ressent parfois que cette dite liberté n’est pas la raison principale de leur style de vie nomade. Il y a quelque chose dans la société actuelle qui les dérangent et qui les ont poussés, un jour, à prendre la route des saisons. Et le problème avec cette vie de saisonniers, c’est qu’après un certain temps, le long terme, le durable et le certain, ne deviennent plus envisageables.
Malgré tout, la saison nous permet d’expérimenter, de goûter, de discuter, de découvrir, de rencontrer et de vivre des moments vrais, intenses et surtout différents. Sur un rythme parallèle, on apprend à voir d’un autre angle, de rêver d’un monde meilleur, de faire la part des choses et de réaliser qu’il existe une alternative à ce que l’on connait déjà. De grandes conversations durant lesquelles, on a, à maintes reprises, refait le monde. De bons repas durant lesquels on a pris plusieurs kilos, et surtout des bouteilles de génépi qui nous ont aidées à bien digérer cette abondance montagnarde. Travailler pour une saison soit à la montagne ou à la mer, c’est une expérience inoubliable.
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